Reproduction artificielle du silure (HETEROBRANCHUS LONGIFILIS) à la station d’alevinage de Jacqueville conduite par le LT-COLONEL HEMA CATHERINE

REPRODUCTION ARTIFICIELLE DU SILURE (HETEROBRANCHUS LONGIFILIS)

  1. Choix des reproducteurs
    1. 1. Les mâles

Il n’existe pas de critère objectif permettant de déterminer l’état de développement des gonades chez un reproducteur mâle de silure. Par conséquent, il est impossible de dire si un mâle peut produire de la laitance en quantité suffisante pour effectuer une insémination artificielle. La seule base de sélection des mâles reste l’âge et la maturité sexuelle de l’individu, intervenant à 12 mois.

  1. 2. Les femelles

Pour les femelles, on dispose de critères plus objectifs dans le choix des reproducteurs. La maturité sexuelle est atteinte à 13 mois environ. L’embonpoint et le diamètre ovocytaire constituent la base de sélection des reproducteurs. Au moment de la pêche dans les structures de stockage, les femelles ayant un abdomen bien rebondi et mou sont retenues.

Ces poissons sont pesés et font l’objet d’une biopsie intra ovarienne pour prélever une trentaine d’ovocytes à l’aide d’une canule souple de diamètre 1,5 à 02 mm, pour vérifier le diamètre des ovocytes. Les femelles ayant les diamètres ovocytaires les plus grands (1mm) et présentant les dispersions en taille des ovocytes les plus faibles sont retenues pour la reproduction.

2. Induction de la maturation ovocytaire et de l’ovulation

2. 1. Préparation de l’hormone

L’induction de la maturation ovocytaire et de l’ovulation s’effectuent avec l’hormone gonadotrophine chorionique ENDO (hCG) à la dose 1,5U.I. par gramme de femelle

2.2. Injection de l’hormone et stabulation des femelles après injection

Les injections hormonales sont effectuées dans la soirée de façon à pouvoir collecter les ovules dans la matinée le lendemain. Au moment de l’injection, chaque femelle est posée à plat ventre et tranquillisée à l’aide d’une serpillère humide maintenue sur la tête et les yeux. L’hormone est injectée dans la musculature dorsale.

L’intervalle de temps qui s’écoule entre l’injection et la récolte des ovocytes, appelé temps de latence varie suivant la température. Il est important de le respecter avant la collecte des ovules. Une collecte trop précoce conduit à l’obtention d’une faible quantité d’ovules de bonne qualité. A l’inverse, une collecte retardée se solde par la perte de la fécondabilité des ovules.

3. Collecte des gamètes

3.1. Collecte du sperme

La méthode utilisée consiste à sacrifier le mâle. L’extraction du sperme se fait par dissection du poisson et incision de testicules. Les testicules une fois prélevés, sont soigneusement nettoyés et séchés afin d’éviter l’activation des spermatozoïdes au contact de l’urine du poisson ou de l’eau. Des incisions transversales rapprochées sont faites sur les organes afin de recueillir le sperme.

3.2. Collecte des ovules

Après avoir observé la période de latence nécessaire entre l’injection de l’hormone et l’extraction des ovules, la collecte se fait par massage abdominal de la femelle.

4. Insémination artificielle

L’insémination artificielle des ovules se fait en eau totalement douce et déchlorée. Les lots d’ovules sont pesés et déposés dans des barquettes et arrosés avec le sperme dont le volume varie selon le poids d’ovules. La fécondation est consécutive à l’addition d’eau douce qui permet l’activation des spermatozoïdes. Le volume d’eau ajouté est également fonction du poids d’ovules. La barquette est ensuite légèrement agitée pendant une minute, temps correspondant à la mobilité des spermatozoïdes. Le surplus de sperme est drainé avant de procéder à l’incubation.

4.1. Incubation et éclosion

L’incubation est réalisée dans des auges remplies d’eau douce déchlorée dans lesquelles sont préalablement déposés de tamis à petites mailles (1mm de côté). Les œufs sont régulièrement étalés sur les tamis et le tout couvert d’un couvercle. L’optimum thermique pour l’incubation des œufs se situe entre 25 et 29°C. L’éclosion à lieu 24 à 28 heure après la fécondation.